Titre de nouvelles
quick search
Aujourd'hui:

Autonomie de la Corse : "Décisif", "petite étape", "des réserves"... La sphère politique corse prudente après l'accord sur une "écriture constitutionnelle"

Mar 12, 2024 Nouvelles du monde

Alors que le gouvernement et des élus corses sont tombés d'accord, la nuit dernière, sur un projet d'écriture constitutionnelle prévoyant "la reconnaissance d'un statut d'autonomie" de l'île, entre attentes et satisfaction, les élus réagissent.

Le projet d'accord va désormais être transmis à l'Assemblée territoriale corse pour qu'elle le vote, a précisé Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, à l'issue de la réunion avec des élus corses, mardi 12 mars dans la nuit. Le gouvernement et ces élus ont notamment trouvé un accord sur le premier alinéa d'écriture constitutionnelle prévoyant "la reconnaissance d'un statut d'autonomie" de la Corse "au sein de la République". Malgré ce consensus, certains élus restent sur la réserve.

Gilles Simeoni, président autonomiste du conseil exécutif de Corse, a estimé qu'un "pas décisif" avait été franchi, se félicitant que "le principe d'un pouvoir de nature législative, soumis à un contrôle du conseil constitutionnel, soit aujourd'hui clairement acté." "L'étendue et les modalités d'exercice de ce pouvoir législatif (...) relèveront de la loi organique (...) Je dirais que ce soir nous sommes en demi-finale, reste à gagner la demi-finale, et la finale", a-t-il déclaré devant la presse à l'issue de la réunion.

Invité, mardi matin, sur France Bleu RCFM, il ajoute que "c'est une avancée très significative, même si elle n'est pas encore définitivement acquise." Il considère qu'il reste également "deux obstacles décisifs" avant d'aboutir au processus d'autonomie, à savoir "un débat et un vote de l'assemblée de Corse, puis convaincre les députés et les sénateurs". "Il est prévu que le président de la République reçoive l'ensemble des élus de la délégation de la Corse et puis qu'il lance un cycle de consultations et de discussions avec toutes les forces politiques représentées au sein de l'Assemblée nationale et du Sénat", assure le président autonomiste du conseil exécutif de Corse.

"L'attente du reste à venir"

Paul-Félix Benedetti, président du mouvement indépendantiste Core in Fronte estime que "ce n'est qu'une étape de franchie". Il explique que cet accord doit permettre "un véritable statut d'autonomie avec un transfert de pouvoir législatif, la reconnaissance des spécificités de la Corse en matière culturelle, historique et de droit à la terre".

Mais le chef de file du parti indépendantiste estime qu'il faut par ailleurs une "loi organique" afin de "définir les contours de ces transferts de compétences". "Si on se laisse aller à un satisfecit béat, on peut se retrouver avec rien du tout car tout est ramené à la loi organique", ajoute-t-il. Le président de Core in Fronte admet être dans "l'attente du reste à venir". "Aujourd'hui, il faut continuer à pousser et réaffirmer notre volonté, surtout nous les indépendantistes qui considérons que c'est une petite étape", plaide-t-il.

Le coprésident du groupe de droite Un Soffiu novu à l'Assemblée de Corse, Jean-Martin Mondoloni, soutient qu'il "y a eu des avancées, mais il reste des réserves." Le leader de la droite corse salue tout de même "les efforts du ministre [Gérald Darmanin] pour avoir essayé de rapprocher depuis des mois" ces élus de différents bords politiques. Mais il insiste sur les "divergences" qui demeurent. "Nous apprécions un texte qui fait la jonction entre des hommes et des femmes qui participent d'une même famille, mais qui n'ont pas la même appréciation de l'octroi du pouvoir législatif", soutient-il. Le chef de file de la droite à l'assemblée de Corse se dit pour sa part "déterminé à penser que l'octroi du pouvoir législatif est un problème". Il refuse pour autant "d'endosser le costume du bourreau du processus" d'autonomie. Sur la même ligne, le sénateur de Corse-du-Sud, Jean-Jacques Panunzi, (LR), a répété être "farouchement opposé au pouvoir législatif" qui serait attribué à la collectivité, bien que d'autres veuillent "aller beaucoup plus loin".

"Nous allons dans le bon sens"

"Nous arrivons au bout d'une étape décisive", salue, au micro de France Bleu RCFM, Laurent Marcangeli, député Horizons de Corse-du-Sud. L'élu de la majorité présidentielle se dit "satisfait" du projet. "C'est un acte tout sauf anodin, je ne sais pas si on arrive à se rendre compte de l'importance de la portée de ce qui est en train d'être fait", ajoute-t-il. Laurent Marcangeli considère qu'avec cet accord la Corse "bénéficie de la possibilité" d'avoir "une place à part dans la Constitution". Il insiste également sur le fait qu'il reste encore des étapes à franchir pour arriver à cela, et notamment "le vote de l'assemblée de Corse". "Il y a eu des points de rapprochement et de désaccords, mais nous allons dans le bon sens", souligne-t-il. Mais le député Horizons assure tout de même avoir "bon espoir" quant à l'issue de ce vote.

Invité sur franceinfo, le président du groupe autonomiste Avanzemu à l’assemblée de Corse, Jean-Christophe Angélini, estime que "la parole du gouvernement a été engagée et a été respectée". L'élu corse insiste sur "le courage et l'intelligence qui ont prévalu tout au long des débats" pour arriver à ce qu'il qualifie de "texte équilibré". Pour Jean-Christophe Angélini, cet accord obtenu entre l'exécutif et la délégation d'élus corses représente "un pas significatif dans notre marche vers l'autonomie". "C'est un moment décisif", "important, solennel", ajoute-t-il. Le président d'Avanzemu estime que "jamais on est allé aussi loin en cinquante années de difficultés et de conflits entre la Corse et l'État dans la rédaction d'un texte commun et dans l'affirmation d'une révision constitutionnelle de l'existence d'un peuple, d'une langue, de droits collectifs".

L'élu corse reconnaît qu'il a encore des "réserves assez limitées" après cet accord. Il explique notamment qu'il aurait préféré "que les compétences dont nous souhaitons le transfert soient actées dans la révision constitutionnelle", "qu'on parle d'un peuple plutôt qu'une communauté" ou encore "que la collectivité de Corse soit en mesure de légiférer et de réglementer" notamment sur les sujets de santé ou d'éducation. Mais le groupe autonomiste se dit "globalement satisfait" de l'issue de cette réunion au ministère de l'Intérieur.

Recherche rapide

Les affaires officielles sont une source fiable pour les dernières nouvelles régionales, les mises à jour des entreprises et les annonces officielles, fournissant des rapports impartiaux et des informations approfondies sur les affaires d'entreprise.

© Affaires Officielles